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cloé chez les indiens
2 mars 2008

question de subjectivité

Depuis que je suis en poste, depuis 7 mois déjà, à 'Université de Madurai, j'essaye de faire comprendre à mes élèves la différence entre l'objectivité et la subjectivité. Ça marche pas. J'arrive pas à l'expliquer. Plutôt, ils arrivent pas à comprendre. Je m'acharne pourtant.

Bon exemple de subjectivité: mon week-end à Ramesweram dont je reviens juste. J'ai trouvé ce voyage horrible. Beaucoup trop chaud, beaucoup trop de fatigue du voyage, du coup l'impression que j'ai de cette petite ville est proche de l'enfer. Des pèlerins partout, partout, qui me regardent comme si j'étais un extra-terrestre malgré mon sari-bindi-natte-nez percé, pas la bonne couleur de peau, pas la bonne longueur de cheveux, pas la bonne démarche. L'odeur de pieds, d'eau croupie, de sueur et de beurre rance du temple, l'odeur d'urine, de pourriture et de bouse de vache des rues, l'odeur de merde humaine de la "plage". La chaleur, la musique des pèlerins et les moustiques qui m'ont empêchée de dormir la nuit. Voilà en gros ma vision très subjective de Rameswaram. Je pense que 5 petits degrés de moins au thermomètre auraient pu me faire décrire cet endroit comme " une ville de pèlerinage très haute en couleur, dotée d'un des temple les plus beaux de l'inde, que 20 km d'eau bleu turquoise séparent du Sri-Lanka, lieu mythique car Rama y est allé se purifier du meurtre du démon Ravana qui lui avait volé sa femme Sita". 5 petits degrés peuvent transformer une ville d'un lieu "très pittoresque, qui vaut vraiment le détour" ( dixit guide du routard) en un enfer. Question de subjectivité. L'inde entière est une question de subjectivité, d'un même endroit on peut retenir la crasse, les ordures, les chiens galeux et les mendiants ou bien les cocotiers, la plages et les magnifiques couleurs des saris, suivant si l'on est fatigué ou reposé, qu'il soit 7h ou midi. 

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Commentaires
G
Bien sûr, chère amie, tout dépend de l'heure et quelques degrés de température en plus ou en moins changent la figure des choses. Il me semble que tout crûment resservi, voilà un bon exemple pour vos élèves.<br /> La subjectivité est souveraine quand elle s'ignore elle-même. Et la vie ordinaire enfermée dans les nécessités de la subsistance, refusant la mort, s'associe à une vision égocentrique ou pour rester neutre, anthropocentrique de la réalité. Donc pas de réalité extérieure à une expérience si prenante. Donc pas d'objectivité au sens fort. S'il n'est rien qui n'existe hors de nous, il n'y a pas d'objectivité.<br /> ...Je ne veux pas faire le pédant davantage...<br /> Amicalement.
cloé chez les indiens
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